Tahanaout est un village berbère situé au pied des montagnes à environ 1 heure de bus de Tameslhot. Ce village offre un décor magnifique, il est entouré par les montagnes de terre rouge. Sur la route nous commençons à voir derrière certaines maisons des hammams en forme d'obus.
Même si les étudiants de l’école de Marrakech nous ont encore une fois bien aidés à nous faire comprendre, il n’a pas été évident de trouver la tante d’Ibrahim. Nous la croisons une première fois, puis une deuxième, mais la communication en berbère s'annonce difficile. Un petit coup de fil à Ibrahim, et c'est bon, c'est bien sa tante. Elle nous présente donc fièrement le hammam qui est situé dans son enclos à moutons et nous explique que ce hammam a 16 ans. Nous nous rendons assez vite compte que même si sa forme est traditionnelle, les matériaux utilisés pour sa construction le sont beaucoup moins : ciment pour la couche intérieure et extérieure, dalle de ciment qui repose sur des pierres cimentées. Seule la structure en roseaux témoigne de la fabrication traditionnelle. Nous lui demandons pourquoi elle n’a pas souhaité utiliser la terre.
La réponse est sans appel : « La terre ? Ça ne tient pas. Et quand il pleut, l’eau passe à travers. ». C’est à ce moment là que nous commençons à réaliser la difficulté à trouver un véritable hammam beldi, entièrement réalisé à l’aide de matériaux locaux.
Malgré cela, nous avons pu lui poser une multitude de questions concernant l’ordre de mise en œuvre et la résistance des matériaux, les ouvertures pour le foyer, le tirage, l’évacuation des fumées et de l’eau à l’intérieur, mais aussi les apports de lumière… Cette visite nous a permis de nous rendre compte des dimensions, des matériaux et de l’utilisation du hammam.
A la fin de la visite, nous avons profité de l’hospitalité de la tante d’Ibrahim : un thé royal avec du pain, de l’huile et du beurre, tout ça, fait maison. Fameux !
Au Maroc, la terre est perçue comme un matériau sans valeur, utilisée par des personnes pauvres. Les habitants préfèrent vivre dans des maisons en béton dépourvues de tout confort plutôt qu’une maison confortable en terre. Le savoir faire artisanal est en train de se perdre progressivement au profit des nouvelles technologies jugées plus fiables, plus adéquates. C’est dans ce contexte que nous allons devoir trouver des artisans, qui travaillent encore avec des matériaux locaux pour la construction du hammam beldi.